Une saison de renards

Les beaux jours sont l’occasion, dans le Jura, de rencontrer « avec plus de facilité » les renards roux (Vulpes vulpes) qui ont un comportement presque exclusivement nocturne en temps normal du fait de l’activité et de la pression humaine exercée sur eux.
De la naissance des jeunes jusqu’à leur émancipation, découvrez au fil de ces photos une saison de renards…

De la famille des Canidés, le Renard roux est le renard le plus répandu sur Terre puisqu’on le retrouve sur la quasi-totalité de l’hémisphère Nord (à l’exception de l’Arctique), en Afrique du Nord et en Australie (où il a été introduit).
Opportuniste, l’espèce fait preuve d’une très grande faculté d’adaptation, ce qui fait qu’on retrouve le renard dans des milieux très variés (campagne, zone côtière, zone péri-urbaine ou urbaine).

C’est un animal territorial qui partage son espace vital avec un certain nombre de ses congénères suivant l’accessibilité aux ressources, le milieu, etc. En d’autres termes, il n’y aura jamais trop de renards, puisque la femelle adapte sa portée annuelle sur le nombre de renards présents dans le secteur mais aussi sur la nourriture accessible.

Suite à la période de rut (généralement en janvier/février) et après 53 jours de gestation, la femelle va mettre au monde une portée de 2 à 6 renardeaux. Aveugles et sourds et pesant à peine une centaine de grammes, ils resteront 3 semaines au terrier avec leur mère, qui va les protéger du froid et les nourrir, avant de faire leur premier pas à l’extérieur…

A 5 on se tient plus chaud !

La photographie au terrier est un des grands moments du printemps mais demande des connaissances naturalistes et une pratique photographique respectueuse. La femelle choisit consciencieusement son site de mise bas, en conséquence, tout étranger rencontré dans la zone serait donc considéré comme synonyme de danger. Ce qui pourrait amener la renarde à déménager la portée avec tous les risques que cela implique.
En respectant quelques règles, elle autorise de beaux instants de vie avec les jeunes renardeaux encore patauds mais parfois très curieux…

Chassé et traqué, le renard roux a depuis longtemps appris à se méfier de l’Homme. Fantasmé, c’est en fait un animal relativement petit puisqu’il n’est guère plus grand qu’un chat sauvage (en moyenne 6-7 kg pour 40 cm au garrot).
Pour avoir une bonne proximité et espérer lui tirer le portrait, il faudra donc être rusé et très patient car les sens de l’animal sont particulièrement développés. Il possède une bonne vue et une excellente ouïe lui permettant de détecter ses proies sous plusieurs dizaines de centimètres de neige. Mais c’est surtout son odorat, 22 fois plus développé que celui de l’Homme, qui le fera déguerpir à la moindre odeur suspect.

Sage comme un renard !

 

Les beaux jours permettent de croiser Maître Renard, entre les longues soirées et le nourrissage des jeunes, la saison estivale autorise de belles observations pour le photographe animalier, tout comme aux amoureux de la Nature.
En l’absence de compétition (loup, chacal doré, lynx dans le Nord-est de la France), il est considéré comme LE super prédateur par excellence.
C’est également le meilleur allié des agriculteurs puisqu’un seul individu peut tuer jusqu’à 6 000 micro-mammifères par an ! Évitant ainsi des dommages conséquents aux prairies et l’utilisation de rodenticide néfaste pour l’environnement et la faune sauvage.

Au fil des mois, les petits renardeaux bien nourris par maman, commencent à acquérir une certaine autonomie. Encore incapables d’attraper de grosses proies, ils s’entrainent sur tout ce qui leur passe sous les pattes (et les dents). La belle saison leur permet de profiter de nombreux insectes mais aussi des fruits mûrs tombés des arbres.
Il faut savoir que sur une portée de 4 renardeaux, 1 seul atteindra l’âge d’un an. Les autres seront principalement victime du trafic routier ou de la chasse.

En juillet, les petites boules de poils ont déjà tous des grands et ne se reconnaissent encore qu’à leur pelage duveteux.
Une des raisons pour lesquelles il faut lever le pied sur la route particulièrement de nuit.

 

Et puis, dès le début de l’automne vient le temps de l’émancipation. Les jeunes, principalement les mâles, quittent le secteur qui les a vu naître et se dispersent à la recherche d’un nouveau territoire où s’établir.
Il leurs faudra parfois s’éloigner de plusieurs dizaines de kilomètres de leur point de naissance avant de trouver un territoire libre. Les femelles, quant à elle, peuvent choisir de partir ou de rester et devenir une femelle subalterne qui aidera la femelle alpha à l’élevage des petits le printemps suivant. Car oui, malgré ce que l’on a longtemps cru, les renards ne sont pas des animaux solitaires mais vivent en clan ayant des contacts plus ou moins rapprochés avec les autres individus.

Renarde (premier plan) et un de ses jeunes. En août, ces derniers ont déjà presque atteint la taille des parents.

 

C’est ainsi que s’achève le printemps des renards. Il faudra patienter de nombreux mois avant d’apercevoir à nouveau les petites boules de poils….

Soyez toujours vigilant dans votre pratique afin de ne pas divulguer les lieux et offrir ainsi aux renards une « certaine tranquillité », car l’espèce étant sur la liste ESOD, ils sont traqués toute l’année…

Souhaitons que nos photos et nos récits fassent évoluer les consciences et donnent l’occasion d’observer encore longtemps le bien nommé Goupil.

renard roux en chasse dans une prairie